...: Le monde sous-marin
…: Paysages sous-marins
L’essentiel du monde marin n’est occupé que par une myriade de minuscules organismes savamment appelés planctons. Les environnements côtiers, et particulièrement les récifs coralliens, constituent eux l’exception, en regroupant un foisonnement de vie convoitant chaque centimètre carré de terrain. Ici, l’occupation de l’espace s’étend à l’horizontale… et à la verticale. Des poissons planent au loin ou virevoltent au-dessus des éponges géantes en forme de barriques, pendant que des organismes ramifiés pendent la tête en bas, au mépris de toute verticalité habituelle.
Dans ce monde, même les plongeurs ont appris à voler devant des murs vertigineux tapissés de
créatures ébouriffées, ou au-dessus de gorgones masquant la naissance d’un jardin de corail. Descendre sous la mer évoque bien sûr la rencontre avec des paysages surréalistes, exubérants de vie. C’est aussi l’expérience d’une autre relation à l’espace, où la pesanteur cède la place à la pression, remodelant la perception du mouvement… et de son propre corps.
…: Magnifiquement toxiques. Les nudibranches
Présentant une subtile fantaisie de couleurs où se mêlent lignes et cercles géométriques, stylisées à l’extrême, les limaces de mer (parfois appelées gastéropodes opisthobranches ou nudibranches) ne sont pourtant pas exposées dans les galeries d’art. Leurs petites tailles, de quelques millimètres à quelques centimètres, les rendent plutôt difficiles à repérer, même si leurs couleurs explosives contrebalancent cette tendance.
Pourquoi s’afficher de façon aussi ostentatoire ? Sans doute pour signaler avec autant de force que leur chair est souvent peu comestible, quand elle ne contient pas carrément des neurotoxines dangereuses pour les éventuels prédateurs. Ces animaux se montrent encore plus excentriques en matière de reproduction, puisqu’ils sont à la fois mâles et femelles. Cet hermaphrodisme simultané entraîne des accouplements impliquant les deux sexes pour chacun des partenaires.
…: Cnidaires
Regroupés dans une juxtaposition de minuscules loges calcaires qui constituent les récifs de corail tropicaux ou isolés et exposés comme les anémones de mer, ils appartiennent tous à la grande famille des cnidaires, les animaux qui piquent ! Méduses, coraux, gorgones ou anémones, ils ne sont ni végétaux ni minéraux, mais des animaux au pouvoir urticant plus ou moins puissant.
Et si le polype de la gorgone ne dépasse généralement pas le millimètre, certaines anémones atteignent parfois jusqu’à un mètre de diamètre. Pour les constructeurs de récifs, les polypes sont souvent minuscules, logés dans des niches étoilées ou formant d’étranges méandres organiques. L’animal est donc aussi un peu minéral… et un peu végétal. Dans son corps, il cultive un jardin d’algues microscopiques qui produit des nutriments, comme des sucres, susceptibles de constituer une part non négligeable de son alimentation.
…: Un poisson ne ressemble pas toujours à un poisson !
Un poisson ne ressemble pas toujours à un poisson ! Couleurs et formes servent certaines espèces à se fondre dans un environnement parfois extrêmement spécifique, alors que d’autres semblent afficher ostensiblement des parures hostiles et inquiétantes. Ces silhouettes improbables aux allures démoniaques constituent pourtant tantôt des stratégies de camouflage, tantôt des signaux d’alerte lancés à l’intention d’éventuels prédateurs.
Boursouflés, bardés de plumes et de piques ou recouverts d’une carapace, ces animaux sont finalement bien des poissons, classés dans le même embranchement que la sardine ou la sole. Pour la science qui organise les espèces (la systématique), l’hippocampe pygmée rose est plus proche du thon que la sole ne l’est de la raie ! Quant au poisson-chat rayé, si l’individu isolé a des allures d’honnête poisson, ils se regroupent habituellement en bancs pour former un entrelacement insolite de lignes blanches et de moustaches clairs.
…: Arthropodes
Ils sont crevettes, crabes ou squilles du Pacifique, blindés comme des cuirassés, et aussi colorés qu’un jour de carnaval. Yeux protubérants, antennes parfois démesurées, cirres déployés, ils captent avec cet arsenal lumière, mouvements, vibrations, odeurs et goûts véhiculés dans l’eau, à l’affût d’un danger ou d’une proie.
Pour les deux espèces de crevettes vivant en symbiose avec leurs hôtes qu’elles utilisent comme maison (comatule et corail-bulle), ces parures incroyables les dissimulent à la surface de ces créatures aussi extravagantes qu’elles ! Pour les autres, elles sont peut-être destinées à renvoyer un signal de danger aux éventuels prédateurs ? Bluff et dissimulation sont de mise à la surface du récif où la densité de vie n’a d’égale que la compétition entre espèces pour occuper une niche.
…: Arbres de Noël
Sous son panache de plumes torsadées aux allures d’arbre de Noël, s’enroule un ver marin. Logé dans son tube calcaire souvent invisible car recouvert par le corail, l’animal déploie ses branchies afin de capter dans le flux des océans l’indispensable à sa survie : comme nous-mêmes, oxygène et aliments. A la moindre alerte, ce panache branchial aux couleurs vives et variables se rétracte dans le tube en une fraction de seconde.
Déployé, il filtre l‘eau et dirige les minuscules particules captées jusqu’à sa base où la bouche de l’animal avale ce flux de substance planctonique. La spirale est-elle une structure géométrique qui part d’un point central pour diverger vers l’infini ou le contraire ? La forme en spirale du ver arbre de Noël le connecte avec l’immensité aquatique pour la faire converger vers ce qui constitue un des principes essentiels de la vie animal, une bouche et un tube digestif !